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 Little bird, nobody knows what's in the hold of your mind

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Invité
Anonymous

Little bird, nobody knows what's in the hold of your mind Empty
MessageSujet: Little bird, nobody knows what's in the hold of your mind   Little bird, nobody knows what's in the hold of your mind EmptyMar 26 Mar - 11:35




« Sometimes it's hard to tell the truth from a lie
Nobody knows what's in the hold of your mind »


Columbia University
New York, Novembre 2005
Je n'étais pas comme la plupart des gens et ne l'avais jamais été. J'avais toujours eu des rêves que j'étais prête à défendre sans concessions. J'avais toujours voulu aider et protéger ceux que je pouvais, sans jamais douter de mes convictions, sans jamais douter du bien, du mal, de ce qui était juste, de ce qui ne l'était pas. J'avais appris la plupart des nuances au contact d'êtres exceptionnels qui ont su me tirer vers le haut. Ils m'avaient appris à me battre, à diriger, à être efficace, pour accomplir mes objectifs, accomplir ce que je pensais nécessaire, utile, juste. Je n'avais jamais cherché une quelconque forme de reconnaissance chez les personnes que j'aidais au sein des Jeunes Vengeurs. J'enfilais un costume parce que c'était mon devoir, ma raison d'être, et parce que cela avait un sens. Je n'étais pas spécialement fière de moi, en revanche j'admirais le travail que nous avions accompli touts ensemble. Jeunes Vengeurs, Vengeurs, X-Men, SHIELD, civils, autant de personnes volontaires qui en agissant de concert ont pu faire quelques chose. Oui j'ai ce sentiment que nous avions quelque part aidé à faire évoluer une situation a priori insurmontable, qu'ensemble nous étions parvenus à repousser la terrible Armée des Ténèbres, et qu'ensemble nous serions capable de bien plus encore. Seulement je sais aujourd'hui que tu le monde n'est pas du même avis que moi. Et je l'ai appris de la manière la plus brutale qui soit.

J'aurais du voir les signes, comprendre la première fois ma naïveté, tirer les leçons de mes erreurs. J'étais trop aveuglée par ma passion et ma foi sans bornes envers l'humanité que j'ai pourtant mis bien trop longtemps à comprendre la réalité de ce monde. Nous vivons dans une ère bien étrange, où les mutants, humains, aliens et autres super humains se côtoient. Ils se côtoient mais sans se mélanger; se tolèrent. Je déteste en être arrivée à envisager cela, mais quelque part, quand j'y repense, je comprends aujourd'hui un peu mieux le discours de Magnéto et son pamphlet pro mutants. Il avait évoqué ce fossé si étrange qui séparait les humains des autres races, à la manière d'un dictateur défendant la supériorité de ses pairs pour dénigrer ceux qui se refusaient à les accepter, condamnant ceux qui étaient différents. A l'époque, j'avais trouvé ce discours totalement immoral et bardé de préjugés ridicules. Je m'y étais opposée avec vigueur, et malgré le fantôme d'une guerre civile pesant sur le pays, ma foi en l'humanité n'avait pas faibli. Ensemble nous avions combattu et repoussé l'ennemi, pour redonner à New-York sa liberté si précieuse. Ensemble, un groupe de super-héros défenseurs de la pauvre et de l'orphelin qui croyaient dur comme fer à la justesse de ses actions. Et s'ils avaient tord ? Si nous avions tord ? Si depuis le début je n'avais fait que me voiler la face ? Et si ces gens que nous étions si fiers de secourir n'en valaient pas la peine ? Je me posais la question certainement la plus dangereuse au monde : et si ?



J'observais d'un oeil distrait les élèves m'entourant, occupés à grignoter leur repas de la mi journée en se racontant les périlleuses aventures vécues la veille ou le matin même, lorsqu'ils avaient du courir après le bus passé en avance ou encore combattre une terrible envie de rester au lit pour sécher les cours. Moi non plus je n'avais pas envie d'être ici, mais pour différentes raisons. Après avoir combattu une groupe d'hommes et de femmes que j'avais pourtant voulu secourir, des gens prêts à me vendre pour acheter leur liberté auprès de mon père qu'il pensaient influant, après avoir du donner la mort à l'un d'eux pour protéger ma propre vie, j'avais envie de me reposer. Était-ce trop demander ? Un peu de répit, de temps pour moi. J'avais brisé la règle primordiale et sacrée des Vengeurs, des super-héros en général, et cela m'avait rendue malade pendant des jours. Ça, et le comportement si incompréhensible des civils qui nous avaient combattu, Susan Storm et moi. Un comportement barbare, primaire, guidé par la peur et mené par une violence inouïe. J'avais déjà été témoin de la cruauté des hommes par le passé, j'avais déjà subi leur colère, ce soir-là à Central Park. Pourtant cette fois-ci j'avais été en mesure de ne pas laisser ma propre colère prendre le pas sur ma raison, et j'avais puisé en moi pour trouver la force de transformer toute cette amertume en quelque chose de bon, quelque chose de meilleur. Mais à présent je n'étais suis pas sure d'avoir encore en moi cette force. Et c'était ridicule, vraiment. J'avais dans mon répertoire les numéros de téléphone de l'élite des super-héros de New York, les hommes et femmes les plus droits et courageux de cette côte des Etats-Unis, mais j'étais incapable d'en composer un seul. J'avais tout simplement honte de moi. Honte d'avoir trahi mon serment, et de me laisser sombrer dans le doute. Mon rôle au sein des Jeunes Vengeurs m'interdisait de douter, mes propres convictions auraient du se montrer suffisantes pour m'aider à surmonter une telle épreuve. Ce n'était pas le cas. Cette soirée près du Triborough Bridge avait entamé ma foi, faisant voler mes espoirs et croyances profondes en éclats et je ne parvenais pas à en rassembler les morceaux.

Fatiguée de me tenir face à mon plateau de nourriture désespérément intact et d'écouter les jérémiades de mes camarades, je fini par me lever et quitter le réfectoire, prenant mon sac de cours qui traînait près de la table. On m'apostropha mais je ne pris pas la peine de répondre, jusqu'à ce que je croise un enseignant dans les couloirs et m'adresse à lui. ▬ " Mon épaule est encore douloureuse, je préférerais rentrer chez moi pour l'après-midi. " Il m'adressa un regard inquisiteur, détaillant mon bras droit qui reposait toujours dans son atèle depuis l'accident. Selon la version officielle, Kate Bishop s'était retrouvée au coeur d'une attaque de maraudeurs sur un camp du SHIELD censé la protégée elle et d'autres VIP pendant l'Apocalypse. Papa Bishop avait bien sur entamé un procès à l'encontre des "irresponsables abrutis qui avaient osé mettre la vie de sa précieuse fille en danger", et à la fac on me considérait comme "la survivante d'une terrible épreuve". Je disais que je ne voulais pas en parler lorsqu'on me posait la question, et comme à chaque fois au bout de quelques jours les gens avaient fini par se lasser de mon cas pour s'intéresser à de nouveaux potins. J'avais toujours eu de bonnes notes en classe, major de ma promo, jamais absente ou en retard, alors maintenant que je demandais quelques faveurs on ne me cassait pas les pieds. Mon professeur d'anglais me jaugea quelques secondes avant de répondre : ▬ " Pas de problème Miss Bishop, prenez le temps qu'il vous faudra. On vous veux en forme pour les Olympiades de la semaine prochaine ! " . Très fier de lui et de son élève favorite, il m'adressa un clin d'oeil un peu bizarre pour une vieux prof comme lui, mais il m'offrait au moins la possibilité de m'éclipser sans problème. S'il savait à quel point son stupide concours me passait au dessus de la tête ...
« And people on the street seem to disapprove
So you keep moving away
And forget what you wanted to say »



Manoir Bishop, Manhattan

Je pris une douche interminable, profitant de l'absence de ma soeur pour traîner un peu à la maison. Susan Bishop était toujours au top, toujours impeccablement sapée, impeccablement coiffée, souriante et ... j'étais comme ça aussi, avant. Mais aujourd'hui je n'avais pas envie de faire des efforts. Je n'avais pas envie d'être la Kate si parfaite que l'on attendait de moi. J'avais envie de calme et de paix, mais visiblement c'était encore trop demander, même dans ma propre demeure. A peine avais-je posé mon atèle pour me reposer un peu que j'entendis la porte d'entrer s'ouvrir, laissant le son d'une conversation se porter à mes oreilles.  ▬ " Tu veux rire, on ne va pas prendre les fleurs "roses", j'avais bien demandé à ce qu'elles soient fuchsia !
Je me laissais tomber sur le lit en soupirant bien plus fort que nécessaire, et tandis que mon dos douloureux heurtait le confortable matelas j'utilisais mon bras valide pour masquer mes yeux fatigués. Le mouvement avait été un peu trop rapide, provoquant une brûlure au niveau de mon autre bras, envoyant une décharge électrique dans tout mon corps. Non vraiment, je ne devais pas avoir le droit à un peu de repos, et après le retour de ma soeur c'était mon propre corps qui me trahissait. ▬ " Super ! Je suis devenue handicapée ou quoi ?! " hurlais-je la bouche contre mon bras, ce qui étouffa mes paroles mais pas assez pour que Sue ne soit pas alarmée. Je vis sa tignasse brune passer la porte de ma chambre, tandis que je n'étais toujours pas décidée à quitter ma pseudo confortable position, et l'entendis raccrocher le téléphone. Je restais étalée là en pestant contre moi-même lorsque sa main chaude se posa sur ma cuisse et la sentis s’asseoir sur le lit. " Hey soeurette, qu'est ce que tu fais à la maison ? Ça ne va pas ? ". Si très bien, tu ne vois pas que je suis dans une forme olympique ?! Laisse-moi tranquille ! furent les premiers mots qui me vinrent à l'esprit, mais je ne pouvais décemment pas envoyer ma soeur bouler de la sorte. Il n'y était pour rien dans tout ça, absolument pas responsable de mon état, et était bien gentille de supporter mes humeurs peu agréables de ces derniers jours. Je daignais bouger mon bras pour lui répondre clairement. ▬ " Si si ça va, c'est juste que je suis un peu fatiguée ... ". Elle passa une main dans mes cheveux. ▬ " Ton bras te fais encore souffrir ? Tu ne devrais plus le garder en écharpe encore très longtemps tu sais. D'ailleurs ce n'est pas aujourd'hui ton rendez-vous chez le médecin ? " Je grimaçais en repensant à ce "détail". Si, mon super rendez-vous était bien aujourd'hui, mais ce n'était pas vraiment chez le médecin. Ayant été blessée en mission, j'avais l'immense honneur d'être reçue depuis plusieurs semaines par un spécialiste mandaté par le SHIELD qui suivait mon rétablissement. Une autre version officielle avait été soigneusement été mise en place pour le groupe pour que ma famille, civile, ne s'aperçoive de rien et le fait que l'accident se soit produit dans un campement du SHIELD rendait la supercherie plus réaliste. Encore des mensonges, pour couvrir d'autres mensonges...

Je m'attardais quelques secondes sur les traits de ma soeur qui me regardait avec un air compatissant tout en tapotant nerveusement sur son téléphone portable. Oh oui la crémaillère ! Un sujet pour une fois normal, sur lequel je me serais bien concentrée. Seulement, comme à son habitude, Sue savait décourager toute tentative de soutient de par ses manies perfectionnistes. Ma soeur voulait tellement que tout soit parfait qu'elle ne pouvait faire les choses que par elle-même, rendant toute entreprise épuisante, tant pour elle que pour son mari et ses proches. Les deux tourtereaux allaient s'installer ensemble dans un somptueux loft de l'Upper East Side, quittant ainsi le manoir Bishop. J'étais contente que la situation de ma soeur soit enfin éclaircie et optimiste, bien que son déménagement me fasse un peu mal au coeur. Je passais habituellement beaucoup de temps au QG des Jeunes Vengeurs et n'était pas souvent à la maison, mais j'aimais quand même retrouver la douceur d'un foyer lorsque la nuit tombait. Cette maison, ou plutôt la présence de Susan représentait un point d'attache pour moi, et une fois qu'elle serait partie, je n'étais plus tout à fait sure de ce qui m'aiderait à revenir ici. Ma soeur était souvent insupportable, parfois difficile à vivre et tellement préoccupée par son propre monde que c'était difficile à suivre, mais par dessus tout elle m'ancrait dans une certaine réalité. Une réalité que j'aurais pu perdre de vue à cause de ma profonde implication pour la cause des Vengeurs. Une réalité solide, palpable, concrète. Je ne pouvais pas tout le temps jouer les super héros, je n'avais que dix-neuf ans, et une vie à mener. Une vie civile, celle de la riche héritière qui se souciait du bien être de ses amis, de sa prochaine sortie shopping ou d'un nouveau gala de charité. A l'instar de mes amis et coéquipiers, Susan savait m'accompagner dans ces moments. Cependant, le fait qu'elle ignore mon identité secrète faisait d'elle un interlocuteur privilégié. Lorsqu'elle serait partie, avec qui serais-je normale ? Qui serait à la maison pour m'attendre avec une bol de crème glacée après une difficile mission ? Notre père n'était jamais là, toujours à voyager aux quatre coins du monde... D'ailleurs, c'était peut être la solution, partir ? Mais je savais qu'au fond j'en étais incapable. Même au fond du gouffre, même avec toute once de motivation absente de mon esprit je restais un être humain : ce serait peut-être extrêmement pénible mais si un de mes amis avait besoin de moi je devrais me montrer présente, et je ne pouvais le faire à l'autre bout du globe.

Heureusement, en l'état actuel des choses personne ne me demandais rien, et on s'inquiétait même plutôt de mon état. Je recevais à intervalle régulier des nouvelles de Naëlle et Cassie, qui avaient apparemment su mettre de côté leurs différents pour travailler de concert à mon rétablissement. Je trouvais ça adorable, et bien que je m'en veuille énormément, je ne pouvais me résoudre à répondre à leurs messages. Je me relevais pour regarder Susan dans les yeux alors qu'elle pianotait quelque chose sur son mobile. J'avais envie de lui hurler de rester, de ne pas me quitter, mais cela aurait été bien trop égoïste. Ma frustration s'était finalement transformée en tendresse à son égard, et malgré tout ces petits côtés énervant j'avais simplement envie de lui dire que je l'aimais. Mais ce n'était pas mon genre, alors comme à chaque fois je la taquinais sur ses petites habitudes. ▬ " Hmm oui je dois aller voir le docteur aujourd'hui. Et toi tu as pensé à consulter un opthalmo ? Parce que rose et fuschia, c'est quasiment pareil non ? " Elle me foudroya du regard et prit un air outrée, sa réaction faisant naître l'ombre d'un sourire sur mon visage pâle. ▬ " Tu vois, c'est exactement pour ça que je ne te demande pas de m'aider pour la décoration du salon ! Et puis de toutes façon à part le byzantin, peut-être le lilas aussi, tu n'aimes rien ! " Sa remarque me heurta de plein fouet, même si je n'en montrais rien. Je la laissais s'éloigner en composant un numéro, tandis que mon regard se posait sur le carquois appuyé contre mon armoire. Il était violet, enfin "byzantin" comme disait la spécialiste, une couleur qui représentait beaucoup pour moi. La couleur qu'il utilisait depuis toujours, et également celle qu'elle avait choisie. La couleur que j'avais voulu porter en leur noms. Je me roulais sous ma douce couette et soupirais. J'étais pathétique.
« Sometimes it's hard to find a way to keep on
Quiet weekends, holidays, you come undone »


Héliporteur du SHIELD,
au dessus de New York
▬ " ... Vous savez, je pense que tout ceci se passerait beaucoup mieux si vous étiez davantage disposée à me parler, Miss Bishop. Pour toutes les deux ... " Je laissais s'échapper un vague grognement en réponse à la remarque de la psychologue, mais très franchement celle-ci ne me fit ni chaud ni froid. Enfermée dans mon mutisme je continuais de fixer un point que seul moi voyait. Je n'avais pas envie de parler de tout ça, des raisons de ce renfermement sur moi-même, de l'expérience que j'avais vécue.
D'une part parce que je ne connaissais cette femme ni d'Eve ni d'Adam et que je n'avais aucune envie de partager des choses personnelles avec elle; et d'autre part parce que formuler mes pensées destructrices à voix haute me semblait tout simplement impossible. J'éprouvais des sentiments que j'étais totalement incapable de nommer, ou plutôt incapable d'avouer. Un vague mélange de colère, de rancune, de honte et de tristesse. Je me sentais bête, trompée, et pire que tout : inutile. Ma dernière mission auprès des Jeunes Vengeurs avait été un vaste gâchis et au lieu de réparer les choses je n'avais fait que les empirer, embarquant mes camarades avec moi. Parce que c'était bien de cela qu'il s'agissait, de mon rôle au sein de l'équipe, et plus généralement de mon statut de "super-héros". Après l'attaque des civils à l'extérieur du bouclier, j'étais ressortie blessée et emplie de doutes, mais grâce au soutient d'Hawkeye et des autres Jeunes Vengeurs j'étais parvenue à relever la tête. Du moins c'était ce que je pensais à l'époque, mais aujourd'hui j'ai compris que je me voilais la face. Je m'étais jetée à corps perdu dans la mission suivante, comme si j'avais voulu concentrer mon énergie à vouloir aider les autres plutôt que de l'utiliser face à mes propres problèmes. Je m'étais montrée téméraire, et bien trop audacieuse. Mon épaule déjà fragilisée mais surtout mon ego en avaient pris un coup. J'avais été stupide de vouloir ainsi me mêler d'histoires qui ne me regardaient pas, et Cyclope avait été très pertinent sur le sujet.

" Mais bon, vous savez, moi j'ai le temps de toute façon. On va juste s'ennuyer pendant les quelques  .. hmm cinquante minutes qui viennent. " Renchérit la rousse qui me faisait face tout en fermant le carnet qu'elle tenait entre ses mains. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, imitant très certainement ma position, et me fixa pendant de longues minutes. C'était très inconfortable, mais je ne pipais mot. Ces tours de psy ne fonctionneraient pas sur moi. Je la voyait pour la quoi, trois ou quatrième fois, et jusque là n'avais pas craqué, alors à quoi bon. Selon les dires d'Eli je ne serais en mesure de reprendre mon arc et mon costume qu'après avoir validé cette série d’entretiens à la noix. Mais à cause de ma mauvaise volonté on n'avançaient pas beaucoup, et je n'étais même pas bien sur d'avoir envie qu'il en soit autrement. Contrairement à Patriot qui était excité comme une puce à chaque fois qu'il me croisait après une séance en me demandant combien de temps j'avais encore à attendre, je ne ressentais aucune pression particulière. On m'avait demandé de me montrer à ces entretiens alors je venais, point barre. J'étais assez surprise qu'une organisation telle que le SHIELD daigne prendre soin de mon cas, et soupçonnait les Vengeurs d'être à l'origine de tout ça. Cela m'aurait au moins permis de découvrir cet endroit étrange qu'était l'héliporteur, à défaut d'avoir fait de quelconques progrès. Seulement mon interlocutrice ne semblait pas l'entendre de cette oreille, évidemment. " Vous êtes plus impressionnante avec votre arc finalement. Je m'attendais à autre chose de la part de la "co leader des Jeunes Vengeurs". Hawkeye est assez élogieux à votre sujet, je n'arrive pas bien à voir pourquoi. En fait vous êtes une gosse de riche qui joue à l’héroïne. " Ouch, touchée en plein coeur. Sa remarque acerbe provoqua une remontée acide dans mon ventre et je sentis des larmes atteindre la limite des mes yeux. D'un battement de cils je les chassais, ne relevant toujours pas le visage vers la psychologue aux méthodes douteuses. Des méthodes douteuses qui avaient pourtant réussi à me faire décrocher quelques mots.  ▬ " Exactement, une gamine inutile et ridicule. " Elle penchait la tête sur le côté pour chercher mon regard : ▬ " Alors c'est ça le soucis ? Vous ne vous pensez pas à la hauteur ? "

Plus ou moins. Je soupirais une nouvelle fois, peut-être une fois de trop, et finissais par abdiquer, à bout de force. ▬ " Pas à la hauteur de quoi ? Je ne sais même pas pourquoi je fais toutes ces choses, pour qui ... C'est vrai : pourquoi devrait-on aider ces gens après tout ? Eux ne lèveraient pas le petit doigt pour nous. Ils sont prêts à nous échanger pour quelques heures de plus, prêts à nous utiliser ... C'est donc ce que sont les super-héros aux yeux des autres ? Des entités remplaçables ? Des catalyseurs de bonnes intentions négociables ? Des objets sacrifiables ? " Je débitais ces mots qui me brûlaient la gorge sans sembler pouvoir m'en empêcher, une pointe de dégoût en émanant très clairement, tandis que cette fois je fixais la psychologue. " Pourquoi fait-on tout ça ? Parce que quelqu'un doit s'occuper des sales besognes ? Quelqu'un doit protéger la population des dangers qui la menacent ? Mais ont-ils vraiment besoin de ça ? Le méritent-ils seulement ? " Inconsciemment je portais ma main valide au collier argenté que je portais autour du cou, dissimulé sous mon haut; la pointe d'une flèche que je gardais précieusement depuis des années. Un objet que j'avais récupéré un jour sur une flèche flanquée contre le toit du manoir Bishop, bien avant que je ne devienne Hawkingbird. Je savais que les Vengeurs étaient intervenus ce jour-là à proximité de ce quartier précis de Manhattan; je savais à qui appartenait cette flèche. Depuis tout ce temps elle m'accompagnait, et je conservais précieusement l'artefact près de mon coeur. C'était un peu ridicule, pourtant à mes yeux ce petit bout de métal était très important. Il représentait tout. Son acier d'indéniable qualité ne s'était pas altéré au cours du temps, cependant il portait les stigmates d'un vécu qui m'était propre. Le soir de mon agression à Central Park j'avais férocement porté le collier mes lèvres, le mordant pour contenir la rage et la douleur qui m'habitaient alors que je sentais ces types au dessus de moi. Il m'avait aidé à tenir, à ne pas hurler, et plus tard à devenir autre chsoe qu'une jeune fille effrayée de son ombre.  " Mais nous, qui nous protège ? " Je murmurais ces mots en baissant les yeux, consciente que je venais d'avouer à cette femme ma plus grande peur, ma plus grande faiblesse. J'avais peur de ne pas me sentir en sécurité, épaulée. J'avais peur de me retrouver seule un jour face à mes démons, lorsque mes convictions ne suffiraient plus. Ce jour était pourtant arrivé.

Nous échangeâmes pendant un long moment, et finalement je fus celle qui s'exprima le plus. Je lui évoquait les circonstances de mon premier accident, les motivations qui m'avaient poussées à devenir Hawkingbird, à m'engager auprès des Jeunes Vengeurs, des Vengeurs et même auprès de cette ville. Je lui expliquait que je n'avais pas cherché à être une héroïne, à être celle qui sauverait le monde : je voulais faire partie de ceux qui protégeaient les gens bons d'actes infâmes. Je voulais être quelqu'un sur qui on pouvait compter, je voulais agir pour le bien des mes amis, de mon pays. Pendant quelques instants je remarquais avec amusement que mon discours sonnait étrangement comme celui de Steve à un époque. Mais j'étais consciente que je n'étais en aucune sorte de sa trempe, ni de la trempe d'aucun des agents qui se dévouaient corps et âme à cette tâche si vaste. Je réalisais avec égoïsme que j'aimais aussi ma vie de civile, ma vie en tant que Kate Bishop, au moins autant que celle chez les Jeunes Vengeurs. Je n'arrivais pas à concilier les deux facettes de ma personnalité. A être à la fois la solide et forte d'Hawkingbird, mais savoir également demander tout simplement de l'aider et profiter de la vie avec mes amis. J'avais toujours été en mode "mission", "devoir", "école", toujours à chercher la perfection dans un monde qui ne l'était pas. C'était invivable, maintenant je m'en rendais compte. Je devais trouver la force de pardonner. De pardonner mes pairs, pardonner ceux qui n'avaient agi que par pur instinct de survie, me pardonner moi-même d'en demander trop. Le chemin vers la guérison s'était fait de lui même à travers mes pensées et lorsque je quittais la pièce je me sentais étrangement plus légère. Rien n'était encore joué, pourtant je ressentais de nouveau cette petite lueur d'espoir qui m'avait abandonnée depuis quelques semaines. Après tout, j'avais peut-être juste besoin de retrouver un peu de courage ?

Je marchais dans les couloirs du SHIELD en observant les agents m'entourant vaquer à leurs occupations. Certains surveillaient les missions en cours via leurs terminaux, d'autres échangeaient des informations tactiques et autres conseils, tandis que j'en voyais s'entraîner au combat avec ferveur. La vigueur, la rage de vaincre, la rage de vivre; c'était peut-être ça qu'il me manquait après tout ? Cette force titanesque qui naissait des émotions les plus profondes telles que l'amour et la haine. J'étais loin d'être une experte dans le domaine amoureux, mais je savais ce qu'était la haine. Et à une époque j'avais été en mesure de l'utiliser à mon avantage. Il me fallait peut-être ce courage-ci ?Je devais maintenant trouver comment arriver à cela de nouveau, mais pas toute seule. Ces quelques jours passé à m’apitoyer sur moi-même n'avaient mené à rien de concret. Je devais me montrer forte de nouveau, me montrer utile; et pour cela je devais ... m'entraîner ? Retrouver ma force physique m'aiderait-il à retrouver mon endurance mentale ? Alors que j'observais distraitement un homme donner des coups dans un des sacs de sable du gymnase, on me percuta. Je portais une main à mon épaule douloureuse tandis que la jeune femme s’excusait tout en ramassant les comprimés qu'elle avait fait tomber en me bousculant. Je me baissais pour l'y aider et remarquais qu'il s'agissait d'anti douleurs très puissants destinés aux agents blessés en mission, à en croire l'étiquette. L'infirmière s'éloigna et reprit le cours de son travail mais je ne parvint à détacher les yeux de sa silhouette avant de longues minutes. Cette rencontre fortuite m'avait ouvert les yeux; j'avais trouvé cette aide extérieure qui me faisait tant défaut. J'étais encore bien incapable de partager les démons qui me hantaient avec mon entourage, mais je venais peut-être de trouver un moyen de parvenir à les faire taire. D'un pas rapide mais que je voulais naturel je me dirigeais vers l'infirmerie que j'avais quitté un peu plus tôt. Détachant mes cheveux je prétextais avoir oublié mon élastique dans le bureau de la psy au garde qui en filtrait l'entée et après quelques pas assurés je tombais sur l'objet de mes convoitises.

       

Lors de mon premier passage dans les couloirs de l’infirmerie, comme à mon habitude j'avais repéré les points stratégiques constituants celle-ci. L'armoire à pharmacie ne m'avait pas parue importante de prime abord mais à présent elle obsédait mes pensées. Mon salut semblait se trouver dans cet écrin de verre. J'ouvrais rapidement la porte et m’engouffrait dans la salle de consultation où se trouvait le précieux sésame. Elle était flanquée de nombreuses vitres, me rendant très facilement repérable, cependant je savais que l'infirmière principale était occupée à déambuler dans les couloirs de l'héliporteur. Non sans un rapide coup d'oeil dans mon dos j'ouvrais l'armoire en parcourant avec empressement les différentes étiquettes collées sur les nombreuses boîtes de gélules qui se trouvaient là. J'étais loin d'être une experte en la matière mais mes connaissances avancées en chimie me permirent de trouver sans trop de problème les molécules adéquat. J'ouvrais un flacon et en sortais qu'elle pilules que j'enfournais dans ma bouche avec avidité. C'était la première fois que je volais de ma vie, et j'avais choisi de la faire au beau milieu de la base secrète des meilleurs espions gouvernementaux du monde, alors j'étais quelque peu nerveuse et surtout pressée. Je ne pris pas le risque de me fournir plus amplement; sachant pertinemment où et comment me procurer de telles substances ailleurs. Sur le moment je n'était cependant pas parvenue à réprimer mon besoin immédiat. Je n'avais pas compris que je venais de m'engouffrer dans une terrible spirale, que j'avais vu en ces médicaments une aide nettement plus néfaste que ma solitude passée et que finalement rien n'avait changé. J’érigeais simplement une nouvelle barrière entre mes démons et le monde extérieur, me bardant d'un espoir factice et de sourires illusoires au lieu de tout simplement oser enfin demander l'aide dont j'avais réellement besoin. Je n'allais pas si bien que ça finalement, et je prouvais cette douloureuse vérité par mon geste désespéré.
« Little bird, little bird
Brush your gray wings on my head
Say what you said, say it again »