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 Heavy in your arms

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A. Iska Schneider
A. Iska Schneider
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MessageSujet: Heavy in your arms   Heavy in your arms EmptyLun 8 Fév - 15:15

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Heavy in your arms



L’horizon se peignait à peine de rose lorsque je me laissais tomber en tailleur sur le sable encore tiède. Les journées étaient tellement chaudes dans ce pays que la nuit douce ne suffisait pas à refroidir la plage. Happée par la beauté brute de ce levé de soleil à l’autre bout du monde, je restais un instant à le contempler sans bouger. Je m’imprégnais de la sérénité du spectacle et du calme de l’aube. Manille était une ville toujours en mouvement, et bourdonnante. Elle était pleine de vie et de couleurs.  Mais depuis que nous étions arrivés  il y avait de cela déjà quelque semaines, je ne m’étais pas mêlée à l’agitation. Je m’étais contentée de la regarder de ma fenêtre voir du pas de ma porte lorsque je me sentais assez courageuse pour mettre le bout de mon nez dehors. Littéralement. Mais aujourd’hui promettait d’être différent. Il était temps pour moi de renouer avec le monde. Je ne me sentais pas plus prête qu’hier ou que la semaine dernière, mais il fallait parfois savoir courir avant de marcher. Et de toute façon, je ne pouvais plus restée cacher. Je sentais que si je ne le faisais pas maintenant, je n’arriverais plus jamais à sortir de chez moi. Je détestais l’idée de ne plus arriver à sortir moi qui enfant et même adulte passait les trois quarts de temps dehors à découvrir le monde et ses fantaisies. Et puis, aucun incident ne s’était produit depuis que j’avais envoyé James dans le mur alors je ne pouvais plus vraiment me retrancher derrière ça pour supplier qu’on me laisse tranquille. Même si ce n’était pas l’envie qui m’en manquait.  C’était si simple de se laisser aller à la peur et à la dépression qui depuis un moment s’était fait une petite place dans ma personne. Tellement simple de cesser d’exister, de se laisser aller. Je n’avais cependant pas lutté en étant enfant pour abandonner comme cela. Vivre était une aventure, une montagne russe.  Pour chaque haut il y avait un bas et inversement.  Et cela jusqu’à ce que le wagon s’arrête. J’étais en bas, à présent je ne pouvais que remonter. Trouver mon nouveau haut avant de rechuter à nouveau. Peut être même l’avais je déjà trouvé depuis un moment sans vraiment le considérer comme tel au vu de l’affluence d’évènements négatifs qui avaient pu avoir lieu dans les derniers mois.  Un sourire tendre s’empara de ma bouche lorsque  je me retournais vers la baie vitrée de notre chambre donnant sur la mer. La silhouette de Velkan était à peine visible à travers le flottement des rideaux et la pénombre mais cela me suffisait.  L’envie de me lever et de me blottir contre lui me prit mais je la ravalais. J’avais besoin de faire mes exercices matinaux. Et malheureusement si je voulais garder sous contrôle mes pouvoirs et me sentir mieux dans ma peau je ne pouvais pas les remettre à plus tard.


Avec un soupir, je redressais donc mon dos et posais mes mains à plat sur mes genoux avant de fermer les yeux. Pendant plus d’une heure j’alternais les exercices de respiration et de méditation. La première fois que j’avais repris ces exercices, j’avais eu l’impression d’avoir sept ans à nouveau et d’être de retour à la case départ.  Cela m’avait mis dans tous mes états.  Mais j’avais depuis surmonté ce sentiment d’impuissance et m’étais remise au travail. Travail que je n’aurais jamais du arrêter. J’avais laissé la catastrophe arriver sans rien faire. L’avais même encouragé inconsciemment.  Mettant un point à mes exercices pour la journée, je me relevais et m’époussetais pour me débarrasser du sable qui collait à la peau nue de mes jambes. En quelques secondes je retrouvais l’intérieur de ma petite maison. Elle ne payait pas de mine mais elle nous suffisait. Difficile d’avoir mieux ici. Et puis cela changeait. C’était nouveau, rafraichissant et exotique. C’était quelque chose dont j’avais eu besoin.  Profitant du fait qu’il était encore tôt, je retournais rejoindre Velkan et me collais contre son buste lorsqu’il ouvrit ses bras pour moi. Après tout, le monde extérieur pouvait bien attendre quelques minutes de plus.


_ _ _ _ _ _



    - En fait, je ne suis pas sure que ça soit une bonne idée. Je crois que c’est mieux si je reste à la maison. Maugréais-je à voix basse en essayant de faire demi-tour et de retrouver le confort et la sécurité de ma petite maison.



Velkan ne l’entendit cependant pas de cette oreille et me retourna vers la rue sans ménagement. Apparemment, il en avait assez de mon manège qui durait quand même depuis plusieurs longues minutes.  Qui pouvait l’en blâmer ?  En grommelant dans ma barbe inexistante, je fermais les yeux et finis par prendre une grande inspiration. Je m’étais promise de sortir aujourd’hui et devais le faire. Même si à l’instant même, la perspective de me cacher sous les draps était bien plus alléchante. Utilisant les méthodes de relaxation que je préconisais à mes patients, je calmais les battements rapides de mon cœur jusqu’à retrouver un rythme normal. Après quelques secondes de plus, je rouvris les yeux et lançais un sourire peu assuré à Velkan qui ne s’en formalisa pas le moins du monde.  Il se contente de me tendre sa main et attendis que je la saisisse pour m’amener  à sa suite vers le petit marché qui se tenait quelques mètres plus loin.   Soudainement terrifiée à l‘idée de perdre le contrôle et de blesser des innocents, je m’enfonçais dans son flanc. Lui seul pouvait réellement faire office de barrière entre moi et ses gens si la situation l’exigeait.  J’avais beau mieux dormir, mieux mangé et être dans un environnement sans stress, cela ne voulait pas dire que je n’étais pas capable de débloquer à plein régime.  Heureusement pour moi, que nus avions décidé de nous installer dans la partie la moins peuplée.  Les premières minutes de marche le long des étalages se passèrent dans un silence tendu.  Tout me faisait peur. A tel point que je m’enfonçais un peu plus contre Velkan lorsqu’un enfant passa un poil trop près de ma jambe nue.  Clairement, je n’étais pas aussi prête que j’avais pu le penser. Fascinant à quel point, l’être humain pouvait se persuader de tout et n’importe quoi.  Je lâchais un soupir et me secouais mentalement. Doucement, je me détachais de Velkan jusqu’à ne tenir que sa main. Il était hors de question que je le lâcher complètement. Et puis, il devait aussi à l’aise que moi alors cela devait le rassurer aussi. Probablement.  Après une petite heure de balade, je retrouvais l’intérieur familier de mon nouveau chez moi.  D’un coup la pression qui semblait reposer sur mes épaules s’évapora. J’étais saine et sauve et les autres aussi. En soit malgré mes légers moments de panique et ma peur, c’était un succès. Un sourire ravi se posa sur mes  lèvres alors que je me débarrassais de mes chaussures. Bien sur tout cela n’était qu’un début et il allait falloir que je me force tout les jours à sortir et à me mélanger aux habitants des Philippines. Je n’étais pas au bout de mes peines mais pour le moment c’étau suffisant. Petit à petit, j’allais retrouver le goût de la communauté et pleine confiance en moi. Il fallait juste être patient. Patience n’était juste pas forcément mon fort. Personne n’était parfait.


Tout de même épuisée par notre escapade, je me laissais tomber sans aucune grâce sur le lit et enfonçais mon visage dans mon oreiller sans me départir de ma position d’étoile de mer. J’avais gagné le droit d’être ridicule avec les efforts que je venais de fournir.  Je me retournais cependant sur le dos lorsque je sentais une main se poser contre mes omoplates. Profitant du moment d’allégresse et de ma bonne humeur du moment, je me redressais en position assise et vins embrasser doucement ses lèvres avant de lui offrir un sourire. Le moment fut cependant brisé lorsque mon estomac émit un gargouillement sourd. Je rougis instantanément sans pouvoir m’en empêcher avant de laisser tomber mon visage dans ma main.   Ne pouvant ignorer les réclamations de mon corps, je quittais le lit et commençais à farfouiller dans notre petite cuisine. Autant dire qu’entre Velkan et moi nos repas n’étaient pas des plus gastronomiques.  Je n’avais jamais été une bonne cuisinière au contraire de mon frère Erik et Velkan lui était étranger à l’expression faire la cuisine.  Malgré le handicap certain avec lequel je partais, je réussissais comme les fois précédentes à concocter un petit repas correct. Ce dernier fut vite englouti  et nous rejoignîmes le petit hamac placé entre deux arbres au fond de notre petit carré de jardin. J’adorais y passer du temps collé contre Velkan à somnoler tout en profitant de l’ombre et de la brise marine. Il n’y avait pas à dire, New York ne me manquait pas du tout.
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Velkan E. Neramani
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MessageSujet: Re: Heavy in your arms   Heavy in your arms EmptySam 5 Mar - 23:53


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Les dialogues en gras sont parlés en Allemand.
Les dialogues en italique sont parlés en Shi'ar.


La Terre devenait plus fascinante de jour en jour. J'avais vu bien des mondes, bien des galaxies, mais malheureusement au travers du prisme de mon conditionnement froid et indifférent. Plus je passais du temps avec Iska, plus j'avais appris à observer, apprécier, ressentir les choses qui m'entouraient. Durant ma fausse "captivité" plus consentie qu'autre chose chez elle, j'avais d'abord absorbé superficiellement le plus de documents qui étaient passés entre mes mains. Pour des raisons devenues moins mystérieuses aujourd'hui, cela ne m'avait pas suffi et bien vite j'avais voulu en apprendre plus, hors des livres. Avec elle. Tous les prétextes avaient été bons pour passer du temps à ses côtés tout en assimilant les étrangetés de sa culture. Puis il y avait eu ce séjour insensé, loin, très loin d'ici et de la Terre. Quelques jours perdus sur une planète éloignée, dans une étrange volonté de lui rendre un peu de ce qu'elle m'avait offert. Ces jours seuls avec elle, à arpenter les paysages incongrus mais éblouissants de ce monde bien différent du sien, continuaient de revenir me hanter, à m'en faire sourire intérieurement régulièrement. Oui, j'avais parcouru bien des mondes, mais c'était depuis que j'étais à ses côtés que je parvenais à les voir pour de vrai, à voir leur beauté. Il avait fallu que je vois son émerveillement sans de suite le comprendre, pour changer mon regard, contaminé par sa joie de vivre, son admiration du quotidien. Elle avait craquelé lentement mais sûrement les décennies qui m'avaient forgé dans un métal froid, et cela ne faisait que commencer, car Manille n'échappait une fois de plus pas à la règle.

Une fois de plus, certes, l'illogisme de la race humaine fut ce qui me frappa en premier en arrivant sur les lieux, plus fortement encore qu'à New York. New York m'était apparu comme un chaos absolu, puis un chaos partiellement organisé, mais finalement en comparaison avec Manille, j'estimais presque aujourd'hui que New York était un modèle de civilisation structurée. Je n'en revenais pas de la différence de mode de vie que l'on pouvait trouver d'un bout à l'autre de cette minuscule planète, goutte d'eau perdue dans l'immensité galactique. Au sein de l'Empire Shi'ar, les différences civilisationnelles se manifestaient principalement en changeant de planète sous domination, plus rarement au sein d'une même planète où au fil de l'Histoire un même modèle s'était développé. La Terre était définitivement encore trop jeune pour que chaque peuple se soit mué en un seul.

Cependant, le chaos terrestre ne me perturbait plus. Désormais, il me fascinait, et elle me donnait envie de tout connaître, de tout partager avec elle à chaque nouvelle découverte tout comme j'apprenais à la découvrir au fil du temps. Il fallait dire que les événements de ces derniers mois avaient eu de quoi nous forcer la main. La poursuite de survie lors de l'invasion, les mois en autarcie dans le Hangar, puis plus encore dans mon petit vaisseau afin de calmer sa phobie d'elle-même et de ses pouvoirs instables, toutes ces épreuves n'avaient fait que nous souder un peu plus. Plus ça allait, plus je poursuivais ma chute de ce côté du miroir, délaissant celui que j'avais toujours été au profit de celui dont j'avais toujours jusqu'alors renié l'existence. Ma partie humaine respirait à plein poumons et demandait toujours plus, chose face à laquelle je ne résistais plus qu'en façade.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Car il y avait bien longtemps que j'avais cessé de lui résister à elle. Parcourir Manille, parcourir les villes comme les rivages et les contrées sauvages avec elle, me donnaient l'impression vivre pour la première fois. J'étais prêt à tout pour l'aider, pour la rassurer, lui faire comprendre qu'elle était tout sauf le monstre qu'elle croyait être. Au contraire, elle avait apprivoisé celui que j'étais. Elle était celle qui voyait le meilleur chez les autres. Les monstres ne savaient pas faire ça. Les monstres tels que moi ne savaient même pas ce que "meilleur" signifiait. Pas avant de la rencontrer. Cet ouragan qui avait transformé non seulement ma vie mais aussi qui j'étais pour en révéler une partie cachée, bien meilleure, justement, que la première, du moins j'aimais à le penser. Sa génétique instable n'était qu'un élément physiologique, non ce qui la définissait. Ce ne fut pas simple, je sus presque dès les premières "crises" durant l'invasion que cela lui demanderait du temps pour comprendre, pour s'y faire, pour l'accepter surtout. Moi qui ne comprenait rien à la psychologie humaine ou d'une quelconque race, je me surprenais à savoir la déchiffrer, lorsqu'elle ne se renfermait pas complètement. Comme un instinct insensé que je m'étais découvert, et qui ne marchait qu'avec elle, une sorte de connexion sur laquelle je peinais toujours à mettre une définition autre que celle qui se traduisait par le rapprochement de nos deux paumes, signe Shi'ar ancestral et presque oublié par mon propre peuple. Tout comme le sentiment qu'il manifestait. Elle me l'avait fait redécouvrir, et aujourd'hui, je me demandais tout simplement comment j'avais pu vivre toutes ces années sans connaître ça. Sans la connaître elle.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Au coeur de la nuit, où seuls quelques insectes chantaient inlassablement depuis le crépuscule au-dehors de la petite maison dans laquelle nous logions depuis plusieurs semaines déjà, je ne dormais pas. Allongé sur le flanc, je jouais machinalement avec le bracelet de petits coquillages qu'elle m'avait fabriqué au fil de ses promenades le long de la plage. Il me renvoyait à l'image de sa silhouette marchant avec légèreté les pieds dans l'eau, pensive au loin, cherchant l'apaisement. J'en souriais dans la pénombre, mes yeux suivant les mouvements des coquillages, se posant régulièrement sur les courbes de ses épaules, de ses hanches, de ses jambes, étendue paisiblement de dos à moi. Parfois j'allais avec elle, parfois non. Je savais quand elle avait besoin de solitude et lui laissais son espace autant qu'elle me laissait le mien.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je repensais à tous ces derniers jours, à tous les efforts qu'elle avait accomplis pour retrouver confiance en elle, pour revenir côtoyer le monde au-dehors. Au début, elle ne tolérait de rester qu'avec moi. Alors nous étions restés ici et là, loin de tout, en autarcie. J'avais réussi à la convaincre de sortir, petit à petit. J'avais dégoté une vieille moto dans la ville d'à côté, et nous étions allés faire un tour. A moto, sans s'arrêter ou seulement dans des endroits déserts, elle n'avait pas risqué de blesser qui que ce soit. A force de patience, elle avait fini par retrouver courage. Chaque matin je l'observais depuis la fenêtre, faire ses exercices dans le sable, face à l'horizon. Une image simple mais qui me rendait tellement heureux. Je repensais à toutes ces nuits où elle se perdait dans mes bras, tout contre moi, comme si rien d'autre n'existait plus. Une sensation d'abandon dont avant je ne soupçonnais même pas l'existence. Je me sentais tellement prêt à tout pour elle.

Lorsqu'elle avait besoin d'être seule, je me contentais de garder de loin un oeil sur elle, plus pour des raisons de sécurité qu'autre chose. C'était là ce qui me venait me préoccuper, pour ne pas dire me hanter, dès lors que je me retrouvais seul avec mes pensées. Mon rythme de sommeil Shi'ar avait toujours été légèrement décalé et souvent je demeurais avec elle pour le seul plaisir de la savoir endormie dans mes bras, et pour qu'elle s'endorme sans craintes. Avant, j'errais la nuit dans l'appartement, ici, j'errais parfois aussi dans la maison ou sur la plage avant de revenir auprès d'elle, mais je peinais à vraiment m'éloigner longtemps. Je préférais attendre patiemment auprès d'elle que le sommeil me vienne ou que le jour se lève.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je ne laissais rien paraître face à elle, mais j'avais peur. L'invasion Skrull était terminée, le monde reprenait vie, mais paradoxalement, je devais être le seul à ne pas en être pleinement satisfait. L'invasion avait eu pour avantage de rendre la Terre inaccessible, de brouiller les pistes pour retrouver quiconque. Elle nous avait cachés, protégés d'une menace bien plus subtile, celle de mon propre peuple, de l'Empire déchu gouverné par cet imposteur qu'était mon oncle. A peine le SWORD avait-il repris ses activités que j'en avais profité pour me renseigner de nouveau. Je savais que l'Empire était en pleine guerre civile, que D'Ken ne tarderait plus désormais à venir ici chercher le Crystal M'Kraan. Ou du moins, celui qui connaissait son emplacement, à savoir moi ou mon frère. En l'occurrence, il s'agissait de moi. Si Jacen avait été ailleurs dans l'univers, la tâche aurait été complexifiée en cela qu'il aurait eu à devoir nous traquer séparément, moins efficacement. Mais nous étions tous deux ici, sur cette même planète. Une probabilité que jamais Lilandra, ni moi-même d'ailleurs, n'avions envisagé tant nos vies et nos rôles avaient toujours divergé.

Mais aujourd'hui, cela mettait Iska en danger. La Terre était trop ravagée pour intéresser l'Empire à présent, qui ne tenterait probablement pas de débarquement massif. Non. Il enverrait ses Ombres, mes "pairs", faire le travail en souterrain. C'était cela qui me terrifiait le plus. Je pouvais voir venir une armée mais ceux qui étaient comme moi, ou plutôt comme celui que j'étais avant, pouvaient très bien débarquer d'une heure à l'autre dans le salon sans aucun signe avant-coureur et venir la tuer sans sommation dans son sommeil. A l'inverse de soldats basiques, les Ombres seraient assez rusés pour analyser les cibles que nous étions, et savoir que la confronter éveillée serait dangereux pour eux vu ses pouvoirs. Mais dans son sommeil, voilà qui leur correspondait. Me correspondait. Méthodes d'espions, d'assassins de l'ombre, sans scrupules, efficaces, sans honneur, sans émotions. Voilà pourquoi je ne bougeais pas. Ma propre inquiétude, qui plus est, ne faisait qu'accentuer mon angoisse de ne pas réussir à la protéger, précisément parce que je sentais que toutes ces émotions qui me parcouraient aujourd'hui, seraient une faiblesse en combat contre eux. J'avais été le meilleur, je doutais encore de l'être à présent. Au fond, le seul fait de douter me donnait déjà la réponse.

Mais si encore il n'y avait que ça. Ce n'était pas comme si, par-dessus le marché, ne se trouvait pas le problème posé par ma propre génitrice. Si D'Ken était un problème, elle en était un bien plus important. Je savais que D'Ken nous voudrait mort, c'était clair. Je savais que si l'occasion m'était donnée, ou à mon frère, nous devions l'éliminer. Il avait trahi l'Impératrice, mené l'Empire au bord du gouffre pour ses ambitions personnelles.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]En revanche, ma mère, qui risquait probablement de vouloir tuer Iska et me tuer par la même occasion, n'était pas pour autant un ennemi à mes yeux. Je ne me sentais pas capable de m'opposer à elle, à ce qu'elle représentait, et en même temps, je me sentais incapable de ne pas réagir si elle s'en prenait à Iska. Iska qui ignorait encore l'ampleur de la surface immergée de l'iceberg que représentaient ma famille et l'Empire cachés sous mes pieds. Je finis par me redresser, me retournant pour m'asseoir sur le bord du lit. Je soupirai, passant mes mains sur mon visage, dévoré par des choses que je ne pouvais partageais. Comment réagirait-elle en apprenant ne serait-ce que le dixième de tout ça. De qui j'étais réellement. M'aimerait-elle toujours. Je repensais malgré moi à ma jeune soeur, ressentant son absence face à tant d'inconnues, de variables que jamais jusqu'à présent je n'avais eu à gérer, à confronter, à seulement imaginer. Je repensais à Jacen, que j'avais quitté en froid, après lui avoir reproché sa mort, gangrène et rancoeur que je portais depuis si longtemps. Iska avait fait bien plus que craqueler mon conditionnement à son égard. Elle l'avait fait sur tous les pans de ma vie et je peinais à me contenir comme avant. Je ressentais. Et je ressentais tout. Je n'imaginais même pas comment elle parvenait à maitriser ses pouvoirs, basés sur toutes ces émotions incontrôlables. Je l'admirais, quoi qu'elle en dise, je l'admirais.

J'eus un léger frisson en sentant une main venir effleurer la peau nue de mon dos, montant et descendant pour attirer mon attention. Je me retournai, et souris rien qu'en croisant son regard scintillant dans la pénombre. Avec ses cheveux d'un noir de jais éparpillés autour d'elle, elle était magnifique. Ce n'était pas la première fois qu'elle me surprenait éveillé en pleine nuit, elle était habituée, tout comme j'étais habitué à la voir faire de même de temps à autre, lorsqu'elle était trop préoccupée pour rester auprès de Morphée. Souvent, nous finissions par tuer le temps en parlant au creux des draps, jusqu'à ce que le sommeil reprenne l'un de nous deux. Nous n'avions aucune contrainte, aucun carcan, nous pouvions vivre le rythme que nous voulions. Une liberté immense, sans limites, pour moi qui n'en avait jamais vraiment eu. Je posai ma main à côté de son flanc et vins me pencher pour chercher doucement ses lèvres. « Tu sais... j'aime l'idée de ne pas ressentir tes émotions, c'est reposant, et ça a un petit côté mystérieux très sexy, » sourit-elle en caressant mon bras. Je souris, amusé.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Mais crois-le ou non, ça ne m'empêche pas de voir quand tu es préoccupé, » poursuivit-elle plus sérieusement. Je laissai un temps de silence, sans savoir quoi lui répondre. Encore novice avec ces émotions que je laissais s'exprimer en moi, je peinais à les exprimer en revanche de vive voix. « Je... Je suis juste inquiet pour toi, » dis-je. Un millier de raisons se cachaient derrière ces quelques mots, mais je ne savais pas comment lui expliquer. Je n'étais surtout pas sûr de vouloir le faire. Elle finit par faire pression sur le haut de mon bras, m'intimant de me rallonger auprès d'elle, ce que je fis. « Si c'est pour me dire que ma vie est en danger à cause d'aliens tueurs qui en ont après toi, je m'en doute bien tu sais. Depuis ta capture par le SWORD et notre première rencontre mouvementée, avec ce Skrull évadé que tu as traqué à travers toute la base, j'ai bien compris que tu n'étais pas du genre à avoir beaucoup d'amis dans l'univers, » rigola-t-elle, tournée vers moi, et moi vers elle. Je lâchai un rire face à cette évidence. Cette femme était incroyable. Malgré tout ce qu'elle traversait, elle semblait forgée dans le marbre. « Ma propre vie est loin d'être normale, ma fratrie est à la solde de la pire organisation qui soit, mon ancien meilleur ami, que je considérais comme un frère - ce salaud - s'est avéré être un assassin international depuis cinquante ans... niveau sécurité même sans être avec toi je serais pas mieux lotie aujourd'hui. Une armée de tueurs de plus ou de moins, venant d'ici ou d'ailleurs, quelle différence, » s'amusa-t-elle en haussant les épaules, l'air de rien.  
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Et puis, au cas où tu l'aurais pas remarqué, je sais me défendre ! » « Je l'ai remarqué oui, t'en fais pas pour ça, » rigolai-je au souvenir des innombrables fois où elle avait fait preuve de sa colère dévastatrice. Je ris de plus belle et elle avec. Pensif un instant, je relevai les yeux pour croiser les siens. Je l'aimais. Je n'eus pas le courage de démentir, ou du moins de corriger, ses suppositions. Oui, elle avait compris que j'étais plus ou moins traqué et que ça l'impliquait désormais elle aussi. Mais elle ignorait l'ampleur de la chose. « D'ailleurs, tu ne m'as jamais parlé de ta famille... à part Jacen... » reprit-elle dans un murmure, après un petit silence. J'avais senti son hésitation avant de se lancer. Mon regard dévia quelques instants. Je n'étais pas vraiment à l'aise lorsqu'il s'agissait de lui parler de moi. J'avais tellement peur qu'elle n'accepte pas, qu'elle prenne la fuite ou que sais-je. Mon dernier spectacle avec mon frère avait été peu glorieux, au sein du vaisseau du SWORD durant l'invasion. J'avais explosé, je l'avais passé à tabac, je lui avais craché au visage des décennies de rancoeur et l'avais mis plus bas que terre. Personne au monde n'était capable de miner le moral de mon frère mieux que moi, moral qui était la source de cette puissance cosmique d'ordinaire invincible qu'il était. Ce jour-là, son sang avait maculé le sol au rythme de mes poings s'abattant sur son visage d'insupportable gosse insouciant. J'aurais aimé qu'Iska n'arrive pas à ce moment-là pour me voir ainsi pris par la rage, moi qui ne cédait jamais à rien.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Si tu ne veux rien me dire, c'est pas grave... » Je la fixai de longues secondes, tiraillé entre l'envie de me confier, et celle de ne pas l'impliquer plus qu'elle ne l'était déjà. Je sentais néanmoins que ce genre de relation, si proche, si fusionnelle, si inexplicable, impliquait un partage toujours plus grand. Même moi, j'en ressentais l'envie, comme un instinct naturel. « Ma génitrice s'appelle Lilandra, » commençai-je. « Elle est inconnue ici hormis pour certains de vos X-men. Elle dirige l'Empire Shi'ar, composé d'un million de mondes. Jacen est le Praetor de la Garde Impériale, destiné à régner à sa suite... Quant à moi, je suis chargé de protéger l'Empire et l'Impératrice contre les menaces extérieures comme intérieures... une sorte d'espion personnel... je ne sais pas vraiment comment traduire dans ta langue... "Ombre" serait le plus proc... » « Attends attends... t'es en train de me dire que t'es une sorte de... prince ? » Je me tus, me contentant de la regarder. Elle ne semblait pas intégrer l'information, et mon silence approbateur la fit soudainement se redresser dans le lit, sans cesser de me fixer. Elle eut un rire nerveux. « Tu te fiches de moi, tu blagues... » Je demeurai silencieux, sans plus trop savoir où me mettre en vérité. Non, je ne blaguais pas. Malheureusement.



Les jours passèrent. Je laissais Iska encaisser ces nouvelles informations sans vraiment savoir si cela lui posait problème ou non, car elle ne montra pas de changements de comportement. Parfois, seulement, je surprenais son regard posé sur moi, légèrement suspicieux, comme si elle essayait de déceler un signe prouvant que j'étais bien un prince. Mais je ne correspondais à ce titre que génétiquement et politiquement, certainement pas moralement ni physiquement. Jacen collait bien plus au portrait du prince charmant que moi, c'était une évidence. Mais quelle importance, cela n'avait pas l'air de la gêner depuis que nous étions ensemble. Nous continuâmes ainsi à profiter pleinement de la vie, du soleil, de la mer, des promenades. Je me concentrais sur les étapes qu'il lui restait à franchir progressivement pour regagner une totale confiance en elle-même et ses pouvoirs, sans plus craindre de se mêler longtemps à une foule. J'avais l'impression que ce bonheur allait durer et durer encore à force de nous y perdre dedans en oubliant le monde autour. Mais si je m'étais souvenu de ce que l'on n'avait eu de cesse de m'apprendre durement dans ma jeunesse, je me serais rappelé qu'il n'y avait rien de plus traître que les impressions, ces illusions insidieuses, sournoises, qui endormaient toute vigilance.

Nous étions sur la plage, où se tenait un concert. Il y avait des centaines de personnes autour de nous, assises, debout, dansant par-ci par-là sous un soleil couchant encore brûlant. Cela faisait une bonne heure que nous y assistions, sans nous poser de questions. Le dos d'Iska était posé contre mon torse, et mes bras l'enlaçaient, autant par amour que pour empêcher toute éventuelle envie soudaine de partir. Je voulais qu'elle savoure, qu'elle conquière entièrement sa peur d'elle-même. J'ignorais juste encore que c'était ma peur qui allait se manifester en premier aujourd'hui. Fidèle à elle-même, Iska finit par se lever en époussetant le sable de son short et m'entraina avec elle. Je ne savais pas si elle s'était lancé secrètement ce défi, mais cela faisait plusieurs jours déjà que lorsque l'occasion se présentait, elle tentait de m'apprendre à danser. A "me décontracter" comme elle aimait dire. Décontracté, je l'étais depuis notre arrivée ici, mais j'étais juste trop maladroit et étranger à cette coutume pour y parvenir. Pourtant, son sourire parvint à me faire flancher progressivement, nous dandinant en rythme au milieu des autres spectateurs.

Je me figeai soudainement. Ce fut à peine perceptible, comme une ombre transparente coupant l'espace d'un instant l'arrivée des UV sur nos épidermes, un passage furtif au-dessus de nous. Un effet que je ne connaissais que trop bien pour avoir appris bien des fois à le déceler, à y être attentif en vue de ne pas me laisser justement surprendre. Un vaisseau Shi'ar, camouflé, invisible, mais pas intangible, venait de passer dans le ciel pourtant bleu et idyllique qui nous enveloppait. Une sueur glacée remonta mon échine alors que mes yeux soudainement bien moins joviaux se posaient dans ceux d'une Iska déconcertée par mon changement d'attitude. Pendant une fraction de seconde, terrible et cruelle, mon esprit comprit que tout était fini. Que toute cette insouciance, toutes ces joies, étaient terminées. Je vis qu'elle comprit, elle aussi.

Je saisis fermement sa main et nous fis Disparaître, provoquant l'étonnement des gens les plus proches. Je tirai Iska à ma suite pour remonter la plage en courant, sachant pertinemment que nos pas étaient encore perceptibles dans le sable. Il nous fallait rejoindre la route en haut et nous enfuir, disparaître pour de bon avant qu'ils ne débarquent. Pour moi, il était évident qu'il ne pouvait s'agir que de D'Ken, de ses sbires envoyés pour me retrouver. J'ignorais comment ils avaient fait, alors que rien ne nous liait à cet endroit, mais la question ne se posait de toute manière plus vraiment. Seule comptait la réaction, le temps imparti pour échapper à l'étau en train de se resserrer. Je ne répondis pas aux interrogations presque furieuses d'Iska, lui ordonnant de me suivre, d'accélérer, lui disant que je lui expliquerais après mais que nous devions partir. Qu'ils m'avaient retrouvé. Dans ma course, je pris des mains d'un type le briquet qu'il utilisait pour allumer sa drogue.

« Il faut qu'on rejoigne les quartiers pauvres, » expliquai-je, alors qu'un sifflement se faisait entendre et qu'une nouvelle "vague" furtive passait au-dessus de nos têtes. Ils nous avaient repérés. D'autres allaient arriver. Nous débarquâmes comme des bulldozers dans les rues du plus grand bidonville de Manille, où je nous mêlai de force à la foule grouillant entre les maisons de tôles tordues construites les unes sur les autres. Je bousculai bien des gens sur notre chemin sans aucun état d'âme. Je bifurquai à droite, puis à droite encore, puis à gauche, nous enfonçant dans cette jungle urbaine de misère, les habitants nous toisant sans comprendre notre précipitation, certains à l'air pas commode du tout. Puis il y eut une explosion, lointaine et proche à la fois. Je vis par-dessus les toits de la fumée s'échapper, des cris s'élever. Le vaisseau avait dû atterrir et apparaître aux yeux de tous, menaçant, ravivant la terreur de l'invasion Skrull. Mais D'Ken n'en aurait que faire. Cette planète n'était rien pour lui. Je pressai Iska d'accélérer, le coeur battant. Je nous menai droit vers le contrebandier qui vendait de l'essence au marché noir. Sans aucun scrupule, je renversai du pied tous les bidons remplis. « Hey ! » interpella le propriétaire en sortant une arme, ne comprenant pas pourquoi ses bidons se renversaient "tout seuls". Invisible, je plaquai sèchement ma paume sur son torse pour le projeter dans le décor et l'y laisser assommé. Je réapparus pour économiser mes forces, lâchant la main d'Iska pour pouvoir aller plus vite. « Aide-moi, vite ! » lui intimai-je en balançant des bidons partout autour, et surtout vers le tas de pneus usés derrière. Sorte de déchetterie et de revente de pneus pourris. Vraiment, ces contrées étaient encore plus étranges que l'Amérique.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Des bruits de tôle fracassée, des morceaux de métaux volants dans le ciel, laissaient comprendre que les Shi'ars se rapprochaient comme des taureaux à pleine vitesse. Plus le temps, j'écartai Iska et jetai le briquet allumé sur l'essence. Tout s'embrasa, l'odeur de caoutchouc brûlé envahit le ciel en même temps que la fumée noire. Comme une trainée de poudre, l'incendie pollueur se répandit à travers le bidonville, affolant sa population, créant un chaos plus grand encore. Je repris la main d'Iska et nous fis disparaître, pour courir non pas en sens inverse, mais de manière à contourner à la fois le feu naissant et les sbires de D'Ken pris dans la fumée. Cela allait les attirer encore plus, pensant que nous fuirions ce feu vers les abords de la ville. Or, je faisais tout l'inverse. Je sentis Iska paniquer, ne pas comprendre pourquoi je nous menais droit vers la source du danger. Elle crut sûrement que je serais assez fou pour aller les affronter, mais ce n'était pas mon plan. Mon plan était plus simple, et comme d'habitude, sournois.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une question néanmoins me taraudait : que faisait le SHIELD ? Que faisait le SWORD, surtout ? Ils étaient forcément au courant désormais. Qu'attendaient-ils pour intervenir ? Je comptais légèrement sur leur débarquement pour retarder nos assaillants, je devais bien l'avouer. Je nous poussai brusquement de côté à la vue d'un Shi'ar massif, dans son armure de soldat, en train de scanner les environs, de projeter chaque intrus hors de son chemin sur plusieurs mètres sans plus de coeur que je n'en avais. Je fis grimper Iska sur le toit de la maison bancale la plus proche, et sous couvert du vacarme ambiant, toujours invisibles sans lui lâcher la main, je nous fis courir prudemment de cabane en cabane en contournant l'ennemi, et tous les suivants qui arpentaient les ruelles enflammées.

On y était presque. Le vaisseau. Leur vaisseau. C'était lui que je voulais. Pour fuir le plus efficacement possible. Sur terre nous n'aurions aucune chance de les semer. Ils instaureraient une battue et avec leurs technologie et mon impossibilité de demeurer invisible indéfiniment, ils nous déchireraient. Mais si nous parvenions à rejoindre l'espace, nous avons toutes nos chances. Ce ne serait pas la première fois que je serais amené à semer en course-poursuite des assaillants moins âgés, et donc moins expérimentés que je ne l'étais. Sautant du toit pour retoucher terre, nous continuâmes à courir droit vers le vaisseau. Il était invisible, mais le bordel qu'ils avaient provoqué en atterrissant avait trahi leur position. Amateurs trop sûrs d'eux. Et moi qui avait pensé D'Ken assez intelligent pour envoyer des Ombres et non de stupides soldats. Il me sous-estimait vraiment trop même après tout ce temps. « Accroche-toi, » dis-je à Iska une fois le pilote tué et tous deux montés dans le vaisseau camouflé. Je m'installai aux commandes, fermai les portes, et décollai.

Je fus pris en chasse mais une fois passé la stratosphère, mon accélération et mes pirouettes me permirent de semer nos poursuivants, comme prévu. Du moins, ce fut ce que je crus. Car soudain, le vaisseau fit une embardée, comme percuté par quelque chose de lourd, qui le fit ralentir. Je m'énervai presque sur les commandes sans comprendre ce qu'il se passait, car le vaisseau ne signalait aucun dommage. Seulement, j'eus beau tourner les moteurs, les pousser au plus fort, rien ne se passa et le vaisseau changea de direction tout seul... droit vers un vaisseau bien plus massif, bien plus terrifiant. Un vaisseau amiral de l'Empire Shi'ar. Nous étions coincés. A moins de passer en hyperespace, mais nous risquions de ne pas en sortir vivant dans le contexte actuel, si les moteurs ne répondaient déjà pas. Nous risquions l'implosion plus qu'autre chose. Je me levai du poste de pilotage, réfléchissant à toute allure avec mon sang-froid habituel, ou ce qui s'en rapprochait. Quand Iska était concernée par le danger, il m'était difficile de demeurer aussi calme et détaché que je le souhaitais. Je brisai la porte de l'armoire contenant les armes, et en donnai une à Iska. Oui, nous allions devoir nous battre. Nous faufiler hors d'ici invisible le plus longtemps possible, et trouver un moyen de fuir le vaisseau amiral dans lequel nous étions en train d'être happés.

Je regardai Iska, incapable de parler une fois les instructions pour tirer données. Je m'en voulais tellement. Tout venait de nous tomber dessus et je n'arrivais même pas moi-même à réaliser que peu de temps avant nous étions sur une plage à danser devant le coucher du soleil. Je capturai ses lèvres, comme si je l'embrassai pour la dernière fois, la peur au ventre que cela soit finalement le cas. J'étais prêt à tout pour elle, mais je n'étais pas invincible. Tout ce que j'avais en tête était de la sauver de tout ça, même si je devais ne pas en réchapper. Elle, elle devait vivre, car rien de tout ça ne la concernait. Il y eut un tremblement, signe que le vaisseau venait d'être posé dans le ventre métallique de l'autre. Je me retournai, invisible, tenant fermement la main d'Iska en nous faisant reculer vers le fond du vaisseau. La porte se compressa sur elle-même quand deux mains en saisirent les bordures, comme s'il s'agissait d'une porte en carton. Ce fut là que le doute s'immisça dans mon esprit, bien vite confirmé par la silhouette carrée et colorée qui émergea dans l'encadrement, après avoir jeté la porte sur le côté.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Jacen. Reconnaissable entre tous, dans son uniforme militaire de Praetor. Il pénétra dans le vaisseau, balayant chaque recoin des yeux. Son visage était empreint d'une lassitude triste. La dernière fois que nous nous étions vus, il était étendu par terre, défiguré par mes coups enragés. « Vell'Khan... Iska... S'il vous plaît... » dit-il simplement. Presque poliment. Je ne comprenais plus. Ou plutôt, j'avais peur de comprendre. Mais à la vue de Jacen, de son air à moitié abattu, à moitié brisé, et en y accordant les autres détails de ces dernières longues minutes, j'avais compris malgré moi. Je nous fis Réapparaître. Jacen soupira et me lança un regard contrit, tendant le bras pour nous laisser descendre en premier, comme une escorte subtilement forcée. Je sentais le regard d'Iska sur moi, ne comprenant plus rien. Je n'osai pas la regarder, focalisant mon regard au loin tout en avançant pour sortir du vaisseau avec elle, sans lâcher sa main. Si ce n'était pas D'Ken, mais Jacen qui était là, ainsi obligé, cela ne pouvait être que pour une seule et unique raison.

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Lilandra. Ma génitrice. L'Impératrice d'un million de mondes. Un nouveau frisson de terreur autant que d'admiration me tétanisa, m'imposant d'arborer de nouveau mon masque d'impassibilité trop longtemps délaissé. Entourée de sa garde, et de Jacen venu léviter jusque derrière elle, en bon soldat réhabilité et ayant accompli sa mission, elle s'avança vers nous. Instantanément, sans même réfléchir, frappé par cette soumission centenaire qui avait caractérisé mon existence et ma relation à son égard, je posai un genoux à terre, tête baissée. En signe de respect. De prière aussi pour qu'elle ne nous tue pas tous les deux dans la seconde. Jamais je n'aurais imaginé me retrouver confronté à ma mère de si tôt, elle censée être retenue prisonnière par D'Ken dans les geôles de Chandilar. Le cheminement et les conséquences de sa présence ici s'enchaînèrent dans mon esprit. Evasion. Fidèles soldats et partisans l'ayant suivi. L'Empire était déchiré entre deux chefs. Guerre civile. Mauvais. Très mauvais. Les ennemis des Shi'ars sauraient profiter par-dessus de cette situation de faiblesse. Et nous dans tout ça. Deux rats piégés. Jamais de toute ma vie je n'avais eu autant envie de Disparaître.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Alors c'est ça... ça, la raison de vos échecs honteux ? » Le mépris était clairement affiché. Traiter Iska d'objet réveilla ma colère, mais je ne bougeai pas. Je me savais condamné à subir et à dépendre du bon vouloir de ma génitrice. Ses bottes apparurent dans mon champ de vision, s'arrêtant devant nous. Du coin de l'oeil j'essayais de déceler le moindre signe qui la conduirait à faire du mal à Iska, prêt à réagir malgré tout. Car je ne pourrais le tolérer.
« Cette pathétique humaine est la raison pour laquelle mes deux fils sont devenus d'incapables traîtres. La raison pour laquelle j'ai dû croupir plus que de raison en prison, et m'évader par moi-même, nous faisant perdre un temps précieux ? Un temps qui aurait pu sauver l'Empire du chaos de cette guerre civile dans laquelle nous sommes désormais plongés ? C'est pour cette chose que vous avez abandonné votre Impératrice et l'Empire, quand ils avaient le plus besoin de vous ? » Sa main gantée de fer vint saisir fermement les cheveux d'Iska, agenouillée à ses pieds par mimétisme, relevant son visage vers elle. J'eus un mouvement crispé, prêt à bondir, mais me retins de justesse. Peut-être se contenterait-elle de la secouer un peu, peut-être qu'Iska survivrait. Peut-être qu'elle ne faisait que tester mes limites, que vérifier si Iska avait bel et bien détruit mon conditionnement comme la rumeur le voulait. Alors que si j'intervenais, je signais son arrêt de mort. J'espérais avoir raison, alors que tout mon être avait la sensation d'être sur le fil du rasoir, de vivre chaque seconde comme la dernière. S'il arrivait quelque chose à Iska, je ne répondrais plus de rien.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« Tu renies ton peuple et ton Impératrice, tu transformes ton frère, notre plus grand guerrier, en une loque affaiblie par tes actions et tes paroles, tu deviens aussi faible que cette misérable race... j'aurais au moins espéré que tu aies choisi cette voie insensée pour une raison valable, pour une créature puissante qui en vaille la peine, pas pour cette... chose... » Je vis du coin de l'oeil Jacen remuer nerveusement à quelques mètres, tête baissée, honteux, mal-à-l'aise, tiraillé par ce spectacle mais piégé par son rang tout comme moi, honteux d'être si vulnérable à mes paroles qui effectivement avaient enclenché sa dépression. Je ne doutais pas une seconde qu'elle l'ait passé à tabacs en le retrouvant à New York, en punition de son inaction, de sa stupidité, de sa faiblesse. « Vos petites vacances sont terminées. » Je la vis lever son poing, prêt à abattre sa force mortelle sur Iska à sa merci. Je ne sus pas vraiment sur le coup si je réagis pour l'empêcher de la tuer, ou pour empêcher Iska d'user de ses pouvoirs sur ma mère, ce qui reviendrait à se condamner de toute façon ensuite. Tout ce que je sus, ce fut que je sentis une violente douleur, comme une massue de plusieurs tonnes qui vint fracasser mon visage après que je me fus jeté entre elle et Iska pour encaisser le coup à sa place. Je rencontrai sèchement le sol au point de le faire craqueler à l'impact, face contre terre. Je perdis conscience quelques courtes secondes, totalement sonné. Quelques secondes qui avaient suffit pour que Jacen réagisse à son tour, pour mieux finir dans le même état que moi. Stoppé d'un bras dans son élan impulsif comme un vulgaire enfant, la main de Lilandra se refermant sur sa gorge pour mieux le jeter sévèrement face contre terre.
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« Tu as fait assez de dégâts, humaine, » maugréa ma mère. Brisé, je tentai de me redresser sans succès, ne pouvant qu'être témoin du coin de l'oeil de la scène la plus terrible. Je vis l'Impératrice saisir Iska par la gorge et la soulever du sol comme une brindille, dans le but évidemment de lui ôter la vie une fois pour toutes. Elle n'était pas connue pour tourner autour du pot bien longtemps lorsqu'un problème se présentait à elle. On ne régnait pas sur un million de mondes avec des états d'âme et autres tergiversations. Je voulus hurler. Me jeter de nouveau sur elle, mais le pied d'un garde m'écrasa le dos pour me maintenir au sol. D'une seconde à l'autre, je m'attendis à entendre le crac macabre d'une colonne vertébrale brisée.

« Impératrice ! » Lilandra se figea. Son second venait d'oser l'interrompre. Beaucoup aimaient jouer avec leur vie aujourd'hui il fallait croire. « Cette humaine est enceinte. Les capteurs indiquent que l'ADN provient du Prince Vell'Khan... » Tout mon être se stoppa simultanément. Comme tout et tout le monde dans ce hangar spatial. Iska suffoquait au bord de l'inconscience, suspendue au-dessus du sol, transpercée par le regard de Lilandra. Non. Ce qui venait d'être dit ne pouvait être vrai. Ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas être... père. Un millier d'émotions nouvelles me traversèrent sans prévenir alors que je gisais au sol, peinant à me relever, maculé de sang. Je réussi à me remettre partiellement à genoux, redressant la tête pour croiser le regard d'Iska aussi déconcertée que moi. Je cherchais à savoir si elle savait, ou si comme moi, elle venait de l'apprendre. Ses yeux parlèrent d'eux-mêmes. Lilandra sembla tout aussi tiraillée par un millier de questionnements, de considérations. Cette nouvelle changeait tout. Si Iska était enceinte, cela signifiait que cet enfant était son petit-fils, ou sa petite-fille. Son héritier. Elle relâcha brusquement le cou d'Iska, qui retomba lourdement par terre. Lilandra était peut-être la plus impitoyable de toutes les reines, mais elle demeurait soucieuse de la pérennité de son Empire, et plus encore de sa dynastie, même si cela lui coûta de retenir son geste au dernier moment. Je me précipitai comme je pus auprès d'Iska, vérifiant si elle allait bien, la soulevant pour la serrer contre mon torse. Je venais de vivre la plus terrifiante minute de mon existence, à voir ainsi sa vie suspendue à un fil, à la seule volonté d'un être plus puissant que nous tous réunis, ayant droit de vie et de mort sur nos têtes.

« Répugnant, » commenta Lilandra. Je ne devais pas montrer mes émotions mais c'était plus fort que moi après une telle nouvelle, qui peinait à s'imposer à mon esprit cartésien. « Chandilar, » ordonna-t-elle sèchement à son second. Les gardes me séparèrent d'Iska de force, pour l'attacher et la mettre en cellule. Je n'y échappais pas moi-même, n'étant visiblement plus une valeur assez sûre pour être laissé en liberté dans ce vaisseau. Elle avait raison. Même si j'étais pour l'instant bien trop sonné par la nouvelle pour ne serait-ce que penser à m'échapper, à réagir. D'un regard, je voulus faire comprendre à Iska que je viendrais la chercher, que je nous tirerais de là. Mais je ne réussis qu'à la fixer avec une étrange lueur au fond des yeux, comme si je la voyais de nouveau pour la première fois de ma vie. Tout ce qui m'entourait semblait abstrait à côté d'elle. A côté de ce qu'elle portait en elle. A côté de tout ce que cela représentait désormais, sans que je ne puisse encore mettre de mots dessus tant j'étais intérieurement submergé de toutes parts. Elle était enceinte. J'allais être père.

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A. Iska Schneider
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MessageSujet: Re: Heavy in your arms   Heavy in your arms EmptyDim 6 Mar - 18:33

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